Démon est un grand roman qui fonctionne selon une formule
déjà éprouvée et ici parfaitement maîtrisée : la Grande Histoire qui se
mêle aux histoires individuelles. Pierre Rotko est journaliste grand reporter.
Son père est un juif russe qui, une fois arrivé en France, a gommé toutes les
traces de son origine, jusqu’à ne jamais parler de ses parents assassinés par
les nazis en 1942. A la fin de sa vie, peu de temps avant son suicide, le père
de Pierre décide enfin de transmettre la mémoire d’une histoire familiale
troublée, traumatisante mais également passionnante.
A la faveur de ce récit
personnel, Pierre Rotkho replonge dans l’histoire de l’Union Soviétique stalinienne
mais aussi de la Seconde Guerre Mondiale. Puis, après la mort de son père, un
démon, « moitié juif, moitié russe » qui se cache en lui, pousse le
narrateur à aller se confronter à la peur : il part à Grozny, dans un pays
meurtri et oublié des grandes puissances.
Thierry Hesse parvient en des termes
clairs et des phrases simples et percutantes à rendre compréhensibles et
passionnantes des décennies d’histoire russe, caucasienne et mondiale. Certes,
la famille Rotko est le fil conducteur du récit mais on y rencontre également
une multitude de personnages historiques connus ou inconnus et on suit avec
enthousiasme et émotion la destinée de chacun.
Démon est un faisceau d’histoires qui restent en nous longtemps après avoir lu la dernière page.
Thierry Hesse, Démon, Editions de l'Olivier, 2009. 456 p., 20 €.